Les prérequis du bon déploiement d’une démarche RSE en 2023
Afin d’anticiper les exigences de reporting toujours plus importantes et de mobiliser efficacement les équipes sur les thématiques du développement durable, voici quelques précieux conseils !
Engager la Direction
Les attendus des réglementations (consultez notre précédent article) sont plus qu’explicites sur le sujet : que ce soit à travers la notion de double matérialité, de cartographie des risques, de présentation de son business model ou de plan de transition : les outils qui permettent de définir une démarche RSE sont foncièrement stratégiques et doivent par conséquent engager la Direction d’une entreprise.
La notion de “Responsabilité” dans l’acronyme RSE, si elle n’est pas définie concrètement, laisse cependant entendre qu’il s’agit d’une démarche transversale, stratégique et qui doit donc être portée par le top management. Quelques actions menées par des collaborateurs volontaires ne suffiront plus à se targuer d’avoir une démarche RSE.
Alors, comment engager les dirigeants d’une entreprise ?
La première étape est de les former aux problématiques liées à la RSE (le quoi, le pourquoi et le comment). La RSE est un concept qui peut paraître très flou de prime abord ! L’objectif est de faire comprendre aux dirigeants que toutes les entreprises mettent en général en œuvre des actions qui peuvent se rattacher à de la RSE, mais sans le savoir.
La seconde étape est de leur faire comprendre l’utilité de la mise en place d’une telle démarche. Dans le meilleur des cas perçue comme une nouvelle corde à leur arc, la RSE est encore trop souvent assimilée à une dépense supplémentaire par les entreprises. Si beaucoup d’études et de publications en parlent (consultez notre article à ce sujet), des outils peuvent permettre aux dirigeants de se rendre compte de la pertinence de la mise en place d’une démarche RSE :
- Calculer les coûts de l’inaction : par exemple sur l’activité d’une entreprise qui, si elle ne modifie pas ses process dès maintenant, aura des coûts beaucoup plus importants par la suite (hausse des matières premières, sanctions liées à la non conformité réglementaire, calendrier des subventions, taxes environnementales et sociales à venir, valorisation des biens sur un marché concurrentiel, etc.).
- Cartographier les risques : qu’ils soient réglementaires, d’image, de marché, technologiques, d’approvisionnement, d’éthique, de transition, physiques, etc. Cet exercice permet d’identifier très clairement les problématiques à anticiper pour les années à venir, voir de repenser totalement le business model de l’entreprise. Un exercice qui s’avère nécessaire dans un monde où les crises sont amenées à se multiplier (crises économiques, crises sociales, catastrophes naturelles, pénuries, pandémies, etc.).
- Comprendre les attentes des parties prenantes : via un sondage, via des échanges, en analysant le contenu des appels d’offre et la part laissée au critère de la RSE dans la notation finale ou encore en comptabilisant le nombre de contrats ou affaires perdues faute de mise en place d’une démarche RSE. Tous les moyens sont bons pour faire prendre conscience qu’un certain mouvement de fond est en marche, et cela dans tous les secteurs.
- S’assurer d’une gouvernance globale et d’une gouvernance RSE équilibrée : Deux paramètres fondamentaux sont à prendre en compte pour qu’une démarche impulsée par le Direction fonctionne :
- La composition de la Direction doit être représentative des membres de l’entreprise et de la société pour prendre les décisions les plus cohérentes et les plus justes : la diversité des métiers mais aussi la diversité au sens propre (âge, genre, culture, etc.) permettent souvent de faciliter la mise en place d’une démarche RSE car les membres de la Direction vont pouvoir se sentir directement concernés par certaines prises de décision. Si la réglementation pousse à une certaine diversité, à l’instar de la loi Rixain qui impose la présence de 30% de personnes de chaque sexe au sein des instances dirigeantes à partir de mars 2026, les entreprises peuvent aller encore plus loin sur cette notion de diversité.
- La Direction doit pouvoir s’appuyer sur une gouvernance RSE dédiée. Les instances dirigeantes impulsent, orientent, mais doivent être supportées par une personne ou une équipe dédiée à ces sujets. La définition des missions des personnes en charge de ces sujets ainsi que d’un calendrier d’actions dédié est fondamentale pour faire vivre une démarche.
Renforcer l’écoute de son écosystème
Renforcer l’écoute de ses parties prenantes internes et externes est un prérequis important de toute démarche RSE. Au delà de saisir l’importance de la mise en place d’une démarche, cela permet de comprendre quels sont les enjeux sur lesquels les clients, investisseurs, salariés, partenaires, attendent l’entreprise. Sonder ses parties prenantes sur les thématiques du développement durable, c’est l’occasion de consolider des partenariats et de s’entourer d’un écosystème aligné sur les mêmes valeurs que les siennes.
La première étape est de cartographier ses parties prenantes ainsi que les modalités d’échanges existantes. Il s’agira ensuite de trouver la meilleure méthode pour échanger avec elles sur les enjeux de durabilité.
En parallèle, mettre en place une veille sectorielle et une veille RSE est nécessaire pour se tenir au fait des principales évolutions. De nombreux baromètres ou études sectorielles existent pour comprendre les enjeux selon les secteurs et les types d’acteurs (investisseurs, sociétés de gestion, sociétés cotées, PME). Cette veille peut constituer une étape préliminaire si l’entreprise ne souhaite pas dans un premier temps sonder ses parties prenantes externes.
Adapter ses process métiers
Si la RSE questionne en majorité le fonctionnement interne d’une entreprise, la structuration des process métiers ne doit pas être laissée de côté. Il est important d’aller au bout de la réflexion en interrogeant l’activité même de l’entreprise et en trouvant des moyens de qualifier, mesurer et améliorer cette dernière.
Sur ce point, la mise en place de référents parmi les responsables opérationnels est nécessaire pour assurer un bon suivi et déploiement des actions. La structuration des process et politiques ESG au sein même des process métiers de l’entreprise est une transition importante et structurante, qui permettra d’implémenter les questions de durabilité dans le quotidien des collaborateurs. Cette réflexion fait écho à des concepts montants voire réglementaires et normatifs : maitrîse de la chaîne de valeur, devoir de vigilance, achats et investissements responsables, écoconception, etc.
Former ses équipes
Fil rouge de l’ensemble des points précédents : la formation des équipes (dirigeants, cadres opérationnels, fonctions supports, salariés) est un incontournable. Evidemment, les formations ne seront pas du même niveau de détail pour tous. Un plan de formation détaillé intégrant les thématiques de la RSE est une bonne opportunité pour les entreprises de cibler correctement les profils et les besoins.
Comment organiser un plan de formation RSE efficace ?
Voici quelques idées pour ne pas se tromper de cible :
- Formation sur les fondamentaux de la RSE (historique, définition, enjeux, avantages, aspect commercial) : à destination des dirigeants et des profils commerciaux.
- Formation sur la gouvernance d’une démarche RSE (outils, organisation de projet, obligations réglementaires, etc.) : à destination des personnes qui seront chargées de piloter la démarche.
- Formation sur des compétences métiers spécifiques (achats responsables, communication durable, évènementiel responsable, management de la mobilité, analyse ESG métier, etc.) : à destination des fonctions supports ou cadres opérationnels qui portent ces expertises en interne.
- Sensibilisation sur la démarche RSE initiée dans l’entreprise ainsi que sur des thématiques RSE spécifiques (Fresques du climat ou de la biodiversité, ateliers thématiques, sensibilisations aux écogestes ou à la diversité, etc.) : à destination de l’ensemble des collaborateurs, les formats ici peuvent être variés (Mooc, e-learning, atelier, animation, etc.) et plaire au plus grand nombre.
Proposer un plan de formation structuré selon chaque profil permettra à l’entreprise de donner les bases d’un langage commun et de faire accepter beaucoup plus aisément les changements de process que peut impliquer la mise en place d’une démarche RSE. Greenaffair peut vous accompagner grâce à son offre de formations et sensibilisations RSE sur mesure.
Se renseigner sur les subventions et aides
Etant donné que la RSE est encore un sujet en cours d’appréhension par le monde de l’entreprise, l’Etat et les régions mettent en place des subventions, notamment auprès des PME et des entreprises débutantes, afin d’initier leurs premiers pas RSE. 2023 ne fait pas exception, de nombreuses subventions sont encore proposées pour les entreprises, néanmoins, celles-ci vont se faire de plus en plus rares et de moins en moins intéressantes au fur et à mesure des années et des évolutions réglementaires.
Et si vous profitiez de cette année charnière pour bénéficier des subventions existantes ?
Plusieurs sites peuvent vous aider à y voir plus clair sur les possibles aides :
- Mission Transition Ecologique : https://mission-transition-ecologique.beta.gouv.fr/comprendre?section=aides-publiques
- L’ADEME (Tremplin pour la transition écologique des PME) : https://agirpourlatransition.ademe.fr/entreprises/aides-financieres/2022/tremplin-transition-ecologique-pme
- Les aides : https://les-aides.fr/aides/FJVjIA?q=BPI&siret=&domaine=&moyen=&activite=&location=
- Les Chambres de Commerce et d’Industrie des régions (pour l’Ile de France par exemple) : https://www.entreprises.cci-paris-idf.fr/web/pme/transition-ecologique
- Les aides de la Banque Publique d’Investissement (Diag décarbon’action, Diag Ecoflux, Diag Impact) : https://www.bpifrance.fr/catalogue-offres/transition-ecologique-et-energetique
Rester pragmatique et cohérent dans sa communication
Cette problématique était prévisible : alors que les entreprises sont poussées à reporter sur leurs pratiques durables, on retrouve de nombreux travers en termes de communication :
- Des communications trop nombreuses qui créent de la confusion ;
- Des communications non précises sur les périmètres de reporting ;
- Des communications qui ne différencient pas assez les intentions des actes réels ;
- Des communications qui se réfèrent à des concepts ou principes sans les respecter (l’exemple de la neutralité carbone est un cas d’école).
Afin d’éviter toute suspicion de Greenwashing, nous ne saurons que conseiller aux entreprises d’être pragmatiques, honnêtes et cohérentes. L’idée est de reporter sur ce qui est réellement fait et de fixer des objectifs qui sont effectivement inscrits dans la stratégie de l’entreprise. A partir du moment où des données chiffrées sont reportées, doivent être précisées : le périmètre, les dates de référence, les méthodologies de calcul. Nous recommandons également d’éviter la multiplicité des supports, un rapport RSE ou une section dédiée dans le rapport de gestion sont suffisants. L’entreprise est ensuite libre de développer d’autres canaux de communication (réseaux sociaux, brochures commerciales, page dédiée sur le site internet), mais l’important est de garder une ligne claire, éviter les doublons et surtout les incohérences.
Enfin, il faut garder en tête que les communications ont un impact non négligeable sur l’environnement (que ce soit sous format numérique ou imprimé) et que les principes de la communication responsable sont plus que recommandés lorsqu’il s’agit de communication sur la démarche RSE d’une entreprise.
Plus globalement, la plupart des entreprises se lancent aujourd’hui sur ces sujets, et alors que les flux d’information se diversifient et s’intensifient, le risque que ces contenus deviennent indigestes prend de l’ampleur.
Préférer une communication simple, impactante et prudente ne pourra être qu’apprécié. Il est même parfois question de la crédibilité voir de la réputation de l’entreprise si les engagements pris ne sont pas respectés quelques années plus tard.
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